Monday, April 28, 2008

CREFSIP symposium : May 28th

Don't miss the CREFSIP symposium, the 28th may.

I'll probably have a poster there myself, trying to sum up my master thesis on a 3X4 foot cardboard...
Anyway, the last two symposium were great and hopefully this one we'll be as good.

I'm actually trying to convince as much grad student from Ottawa to attend and see Quebec city.

Here's the link for the event :

http://www.crefsip.ulaval.ca/Symposium_2008_francais.pdf

PCR Song by Bio-Rad

One of the funniest thing I ever saw!

http://bio-rad.cnpg.com/lsca/videos/ScientistsForBetterPCR/

En sarrau dans la cuisine... «In vino, colorare»


Le vin, roi des alcools, sait se draper des couleurs d’un souverain: le rouge ou l’or. Des deux, ce sont les molécules qui colorent le vin rouge que l’on connaît le mieux.

Si le vin rouge revêt une bien noble couleur, elle a pourtant des origines communes avec celles des choux, des aubergines et des baies. Dans tous ces cas, ce sont des molécules appelées anthocyanines qui leur confèrent une coloration allant du bleu au rouge.

Les anthocyanines protègent les plantes de la lumière verte et des rayons UV. Nous les voyons rouges ou bleues, car elles n’absorbent pas ces couleurs et les renvoient. Elles servent en quelque sorte de crème solaire pour les plantes.
Une fois en bouteille, si les anthocyanines sont oxydées par l’oxygène de l’air ou d’autres composés du vin, elles bruniront. Une réaction avec les tannins les fera précipiter et le vin pâlira.
Ces tannins, comme les anthocyanines, appartiennent à la famille des flavonoïdes, des polyphénols qui contribuent à l’amertume du vin. Cette amertume, de pair avec l’acidité, doit être équilibrée par le goût plus doux des alcools et des sucres pour obtenir la saveur d’un vin.

Si vous avez du vin à sacrifier, voici une expérience amusante. Les anthocyanines changent de couleur selon le pH. Elles sont rouges à pH acide, mauves à pH neutre et bleues à pH alcalin. La plupart des vins sont à peine moins acides que le vinaigre (pH entre 3 et 4). Neutraliser le vin (avec du bicarbonate de soude, par exemple) le rendra mauve; le rendre basique (avec du Windex transparent, une solution d’ammoniaque) le rendra bleu!

(Note: ne PAS boire le vin après l’expérience!)

En sarrau dans la cuisine... Histoire salée


Le sel est craint par plusieurs, mais il forme pourtant un des quatre goûts de base avec le sucré, l’acidité et l’amertume. Il a payé les légionnaires romains et fut longtemps le seul moyen de conserver les aliments; Tombouctou en fût bâtie et la gabelle — l’impôt sur le sel — des rois de France a suscité bien des révoltes.

Formé simplement d’un ion chlorure et d’un ion sodium, le sel est un des ingrédients les plus simples de notre table.

À l’état solide, les atomes du chlorure de sodium forment un réseau très ordonné: un cristal. Lorsque le sel se forme par évaporation, le chlorure de sodium s’ordonne en cristal en précipitant. Par contre, certains autres sels peuvent se glisser dans son réseau. Seul le sel raffiné est pur, débarrassé de ces impuretés.

Ironiquement, les sels de spécialité, plus chers, sont faits de sel impur. Par exemple, le sel de mer non raffiné sera plus riche en chlorure de magnésium (MgCl2), qui a un goût plus amer.
Le cristal du sel de l’Himalaya comprend des sels de fer, qui lui donnent une teinte rose. Le kala namak indien, le sel noir, reçoit sa couleur et son goût prononcé de composés de fer et de soufre.
La fleur de sel est formée des premiers dépôts qui cristallisent à la surface de l’eau au début de son évaporation. Elle contient les mêmes impuretés que le sel de mer, mais ses cristaux, formés rapidement, sont mal entassés et lui donnent une texture légère.

Dissoudre de la fleur de sel, c’est la gaspiller. La plupart des sels de spécialité auront le même goût que le sel de table une fois en solution, sauf les plus riches en minéraux comme le sel noir indien ou le sel gris celte.

En sarrau dans la cuisine... Vampires, ne pressez pas votre ail!



Les amateurs de cuisine italienne connaissent bien l’odeur de l’ail. Pourtant, un bulbe d’ail entier ne présente pas cet arôme particulier. L’odeur de l’ail est en effet due à une petite molécule, l’allicine. Si on tente de mesurer l’allicine dans une cellule d’ail normale, on ne détectera pratiquement rien.

Si on n’y trouve pas d’allicine, on trouvera par contre une quantité importante d’une molécule lui ressemblant, mais qui dégage peu d’odeur: l’alliin. L’alliin a des propriétés antimicrobiennes et on pense qu’elle peut servir à protéger la plante des infections. Si on broie ou coupe une cellule d’ail, de petites «poches» cellulaires sont endommagées et laissent s’échapper une enzyme appelée l’alliinase. L’enzyme libérée transforme l’alliin en allicine et… l’odeur d’ail vous chatouille le nez.

L’ail aurait développé ce mécanisme pour décourager les herbivores désireux de le croquer.
Ceux qui désirent profiter de la saveur de l’ail, en évitant les mauvaises odeurs, peuvent le faire confire. La chaleur rendra l’alliinase inactive.C’est le même phénomène qui produit l’odeur de l’oignon: l’alliinase transforme des sulfoxydes en 1-sulfinylpropane à l’aide d’une seconde enzyme, la LF synthase. C’est en fait un gaz qui, en plus de causer l’odeur d’oignon, irrite les yeux.

Vous désirez éviter de verser des larmes lorsque vous coupez les oignons? Allumez une chandelle près de la plaque à découper. Le 1-sulfinylpropane est inflammable: la flamme le consumera.

En sarrau dans la cuisine... La chimie de la "pizz" froide


Pizza: le seul nom suffit pour mettre l’eau à la bouche. Le fromage reste l’élément clé de la meilleure pizza. Il doit fondre uniformément, ne pas brûler et être élastique.

Le choix d’un bon fromage à pizza est dicté par ses propriétés physico-chimiques! Le fromage est un gel: une part solide faite de gros agrégats de molécules – le caillé – est suspendue dans une partie liquide – le petit lait. C’est la proportion de ces deux phases qui donne sa texture au fromage.

Si le fragile équilibre d’un gel est perturbé, les deux phases ne reprendront pas leurs proportions initiales. De plus, les gels n’ont pas une température de fusion précise: ils «fondent» selon un large éventail de températures. Ce qui n’est pas idéal pour une belle pizza…
Ce n’est pas son goût qui fait de la mozzarella le fromage à pizza par excellence. Elle a été choisie parce qu’elle fond à l’intérieur d’un intervalle de température étroit et qu’une fois fondue, son ratio solide/liquide donne une consistance idéale.

Les lendemains de soupers pizzas, lorsqu’on fait réchauffer les restes, on voit le fromage «suer» et la part solide restante devient plus dense et élastique. Ce sont les parties liquide et solide du fromage qui se séparent. Réchauffer la pizza lentement peut aider. Mais il ne faut pas oublier que, même au réfrigérateur, l’eau peut s’évaporer lentement. Si le fromage a perdu trop d’eau pendant la nuit, on perdra la belle consistance du fromage.

Soyez donc de bons physico-chimistes et chauffez doucement vos pizzas. Moxy Früvous le chantait bien : «remember slower pizzas are more luscious»!

En sarrau dans la cuisine... La chaleur des tropiques


D’après le Livre des records Guinness, le Bhut Jolokia est le piment le plus piquant: une seule de ses graines provoque une terrible sensation de brûlure qui peut durer jusqu’à 30 minutes. Il contient la plus haute concentration connue de l’arme secrète des piments, une molécule appelée la capsaïcine.

Ni salé, sucré, amer ou acide, le goût piquant des piments ne vient pas de sensations détectées par les papilles gustatives. La capsaïcine active plutôt une protéine située à l’extrémité des récepteurs des neurones sensitifs de votre bouche. Cette protéine, TRPV1, détecte la chaleur élevée.

Lorsque TRPV1 est activée, elle laisse passer un flot électrique: un «message» pour notre cerveau, qui le traduira en douleur. La capsaïcine trompe donc littéralement notre système nerveux, qui croit détecter une brûlure et envoie le signal à notre cerveau.

La capsaïcine des piments se fixe à TRPV1 et la force à laisser passer le courant, en transmettant un signal de chaleur «artificiel». La molécule piquante du poivre, la piperine, agit de la même façon.

Le plaisir des plats épicés vient de la réaction du corps à la capsaïcine et à la sensation de chaleur. Le cerveau sécrète des endorphines qui suscitent une sensation de bien-être. Éventuellement, la capsaïcine «épuisera» les nerfs et ils cesseront de transmettre le signal de douleur. Cet effet est utilisé par les crèmes anti-douleurs à base de capsaïcine.

Mais si vous avalez par mégarde un piment un peu trop épicé pour vous, même un grand verre d’eau n’éteindra pas le feu. La capsaïcine n’est pas soluble dans l’eau, mais elle l’est dans l’huile…

En sarrau dans la cuisine... Mille façons d'aller se faire cuire un œuf


Dans la cuisine, les œufs se prêtent à tous les usages. Les nombreuses façons de les apprêter découlent des propriétés des protéines qu’ils contiennent.

Une protéine est une longue chaîne d’acides aminés liés à la queue leu leu, un peu comme un collier de billes. Certains acides aminés seront plus solubles dans l’eau que d’autres. Au naturel, les protéines sont repliées sur elles-mêmes pour présenter leurs acides aminés qui préfèrent l’eau vers l’extérieur.

L’essence de la cuisson est de forcer les protéines à se déplier. La consistance des œufs s’épaissit et le blanc devient opaque lorsque leurs protéines se déplient.

Les protéines du blanc d’œuf, par exemple, cuisent à 62 °C, alors que celles du jaune cuisent à 68 °C. On peut faire cuire lentement l’œuf entre 62 et 68 °C: le blanc sera bien cuit et léger et le jaune restera bien coulant!

Pour l’œuf brouillé, le but est d’obtenir une consistance prise, mais légère. On peut chauffer l’œuf battu tranquillement, à 61 °C. Une seule protéine du blanc – l’ovotransferrine - cuit alors et forme un réseau qui emprisonnera le reste de l’œuf. Vous désirez une omelette aussi légère que baveuse? Pour la même température, ajoutez avant cuisson un peu de bouillon ou de lait à la préparation et quelques ingrédients bien choisis.

Au tour des amateurs d’œufs miroir: il est ardu de bien faire prendre le blanc entourant le jaune sans faire cuire le jaune même. Une protéine du blanc plus difficile à faire cuire, l’ovomucine, y est concentrée. Il suffit d’ajouter du sel précisément autour du jaune. Le sel forcera l’ovomucine à se déplier à une température plus basse.

En sarrau dans la cuisine... Pastis : un ménage à trois


Ah! Le pastis! Breuvage de soleil s’il en est un… et quel rituel savoureux. On verse lentement un fond d’alcool anisé dans le verre, puis on y ajoute cinq parts d’eau glacée. Un étrange phénomène s’offre alors à nos yeux: le liquide devient blanc et laiteux au contact de l’eau.

Le pastis – comme les autres boissons alcooliques à l’anis — est composé d’eau, d’alcool (éthanol) et de molécules qui lui donnent son goût particulier, particulièrement le trans-anéthol. Ce dernier se dissout bien dans l’éthanol, mais très mal dans l’eau. Lorsqu’on ajoute l’eau au pastis, l’éthanol du pastis pur qui s’y trouve est dilué. Se retrouvant dans un mélange constitué surtout d’eau, le trans-anéthol précipite et forme des gouttelettes. Elles reflètent la lumière dans toutes les directions et le breuvage, auparavant clair, devient laiteux.

On appelle cette suspension une émulsion. Le même phénomène se manifeste lorsqu’on prépare une mayonnaise: l’huile s’organise en gouttelettes suspendues dans un amalgame d’eau et d’œuf.

Le pastis est une émulsion spontanée: sans chauffer oniagiter, il suffit d’assembler les ingrédients dans l’ordre pour l’obtenir. De plus, une émulsion à trois composants comme le pastis peut rester stable de longues années, défiant les lois de la thermodynamique. Dans l’espoir d’utiliser ces propriétés pour produire des suspensions de nanomachines dans le futur, certains scientifiques se penchent sur le breuvage provençal.

Moïse et al. -8000. Genèse 2 (4): pages 0-1


Answers Research Journal, lancé en ligne le 9 janvier 2008, s’annonce comme un journal technique comportant un système de révision par les pairs. Son objectif: «La publication de recherches scientifiques et d’autre types de recherches pertinentes suivant la perspective de la Création récente et du Déluge (sic) dans un cadre biblique» et de «procurer les résultats de recherche qui démontrent la validité du modèle de la jeunesse de la Terre, du Déluge, de la provenance des espèces par création et des autres indicationscohérentes avec le récit biblique des origines».

Un tel journal découle d’un courant du monde créationniste qui désire démontrer scientifiquement l’interprétation littérale de la Bible. On peut penser que c’est leur droit. C’est vrai, en un sens, mais il est faux d’affirmer que c’est de la science.

Cette attitude vient de la perception qu’une Bible symbolique et mythique est sans valeur.
Lors de l’écriture de ces textes sacrés, aucun rideau de fer n’isolait le monde mythique du monde cartésien. Chacun représentait une facette de l’expérience humaine. L’ascension de la science dans le monde occidental a polarisé ces deux facettes. La science s’est laissée désigner comme source de vérité unique. Dans certains cercles d’orthodoxie religieuse, inquiets, on s’est donné pour mission de démontrer scientifiquement l’ineffable, de prendre à la lettre des récits aidant à ressentir, pas à réfléchir…

On ne fait pas de la science en décidant dès le départ ce que l’on démontrera, et ce en rejetant les autres modèles!

Lorsque l’on feuillette Answers Research Journal, de plus, on réalise vite que la même approche créationniste est adoptée: on vise moins à démontrer le créationnisme qu’à trouver des incohérences dans le modèle de actuel de l’évolution… On assume que, si le modèle de l’évolution est inexact, le créationnisme est vrai.

Lorsque l’anti-science se donne des allures de science et qu’elle adopte son vocabulaire et ses apparences, on risque de confondre le public. Armés de tels journaux ou de cris de ralliement comme «dessein intelligent» et profitant de la crédibilité bâtie par la science au cours des siècles, certains se targueront de conclusions efficaces obtenues de façon cartésienne. La religion en elle-même n’est pas de l’obscurantisme, mais la prétention que l’on peut ou que l’on doit la démontrer scientifiquement en est.

Les milieux scientifiques peuvent discerner les égarements de ce type, mais le public peut peiner à établir cette différence.

Qu’en est-il de nos décideurs? Plusieurs se plaignent déjà de la déformation ou de la suppression de la science par l’administration Bush aux États-Unis. On ne doit pas non plus imaginer que le Canada est complètement à l’abri. Le gouvernement conservateur a aboli cette année le poste de Conseiller scientifique national. Plusieurs doutent du poids qui sera accordé au nouveau Conseil de la science, de la technologie et de l’innovation.

Si les voix du monde scientifique ne sont pas écoutées, on ouvre la porte aux charlatans qui, sous un voile de pseudoscience, tâchent prouver «Voici les origines des cieux et de la terre, quand ils furent créés». La phrase est-elle plus tangible si, au lieu de citer «Genèse 2:4», on cite «Moïse et al. -8000. Genèse 2 (4): pages 0-1»?

Performance sportive ou performance technologique?

La compagnie Speedo vient de lancer cette année, en prévision des Jeux olympiques de Pékin, le LZR Racer, un maillot qu’elle annonce comme «le plus rapide au monde». Dans la semaine suivant son lancement, des athlètes le portant ont battu trois records du monde. Ce super-maillot est le fruit de longues recherches qui ont impliqué athlètes, entraîneurs, physiologistes et spécialistes de la dynamique des fluides. On peut se demander maintenant si ces maillots ne changent pas les fondements de l’esprit sportif.

L’attrait du sport professionnel provient de l’admiration du dépassement. On représente le sportif comme l’acteur de ce dépassement, et c’est ce pour quoi ils sont adulés. La devise olympique, Citius, Altius, Fortius, évoque la fierté de l’athlète le plus rapide, le plus haut, le plus fort.

Pour préserver cet esprit du sport professionnel, où c’est le meilleur athlète qui l’emporte, on interdit l’usage des stéroïdes et des hormones de croissance. L’attrait de la performance sportive prend son sens dans l’idée de dépassement personnel, d’accomplissement de l’athlète, de l’exploit des sportifs. Quelle en est la pertinence si la simple utilisation d’une drogue permet ce dépassement?

Le développement de la technologie des équipements sportifs soulève de plus en plus des questions parallèles. Comment justifier l’utilisation des super-maillots, par exemple, alors que sont interdites les substances influant sur la performance?

Le principe du LZR Racer repose pourtant sur des travaux de recherche et de développement multidisciplinaires exemplaires. Les turbulences provoquées par les mouvements de la nage et l’avancée dans l’eau provoquent une succion dans le sens opposé au déplacement. Dans un premier temps, des experts en dynamique des fluides et en modélisation informatiques ont mesuré les endroits où se forme cet effet sur le corps de 400 nageurs de haut niveau. Des experts en textiles de performance et en conception de maillots ont alors pu se baser sur ces données avec l’aide de physiologistes pour créer le maillot le plus «optimal possible».

Mais voilà, quelle différence maintenant si les records dépendent des maillots qu’offrent les commanditaires? On est alors dans la situation où l’on ne bat plus un record parce qu’on est le meilleur nageur, mais parce qu’on avait un meilleur équipement que l’athlète précédent.

La façon de battre un record, ou la cause de celui-ci, est secondaire. Quelqu’un, portant le logo de la compagnie X et le drapeau du pays Y, est arrivé plus vite à franchir la ligne d’arrivée, point. Les journalistes peuvent ensuite faire un tableau des médailles et on vendra des maillots faits «du même matériel que celui utilisé par (insérez ici le nom de votre champion favori)».

Les Grecs de l’antiquité s’affrontaient nus dans leurs stades. La coutume découle de leur amour du corps parfait, disent les historiens. Mais ne peut-on y voir aussi un désir d’authenticité? Sans appui autre que celui de sa seule personne, l’athlète est l’unique détenteur de son exploit.

La victoire et le dépassement perdent leur sens s’ils sont attribuables à un agent extérieur. L’interdiction de l’utilisation de drogues ne vise pas seulement à protéger la santé des sportifs, elle tente aussi de préserver la valeur des réalisations sportives.

Il y a un siècle cette année, Pierre de Coubertin énonçait le credo olympique: «L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat; l’essentiel, ce n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu.» Une course technologique pour gagner la fraction de seconde de la victoire vient changer l’esprit porté par ce credo. Si c’est la direction que le domaine du sport prend, la société devra réaliser que l’athlète ne sera qu’un des facteurs de la victoire parmi d’autres.

Des toxines dans les biberons : information toxique

L’organisme pour la protection de l’environnement et de la santé publique Toxic Nation a récemment publié sur son site Internet une étude annonçant qu’en présence de liquides chauds, des biberons de plastique laissent fuir des quantités significatives et potentiellement dangereuses de bisphénol A. Le problème, c’est que cette expérience est faussée et erronée. Elle est trompeuse et pratiquement mensongère.

La récente inquiétude concernant la présence du bisphénol A dans des biberons illustre que, malheureusement, les organismes environnementaux pratiquent bien souvent une désinformation et une manipulation des données scientifiques pour leurs propres fins.

En février 2008, Toxic Nation rendait public son «Rapport sur les biberons toxiques». On y lit que «les résultats de l’étude indiquent que le manque de régulation canadienne du bisphénol A expose des nourrissons et des enfants à des niveaux potentiellement dangereux de ce produit».

Leur méthode semble simple. Dans un premier temps, on laisse reposer dans un biberon de l’eau à température de la pièce pendant vingt-quatre heures et on mesure la quantité de bisphénol A. Dans un second temps, on teste le même biberon, mais en le déposant, rempli d’eau, toujours pour vingt-quatre heures, dans un four à 80 °C. On mesure à nouveau le bisphénol A présent dans l’eau. Cette seconde mesure, prétendent les auteurs de l’étude, «simule l’effet de 60-100 lavages».

Avec cette méthode, rien ne peut être détecté à température de la pièce, mais des concentrations de 5 à 8 ppb de bisphénol A sont décelées après chauffage. Toxic Nation annonce donc que «les niveaux de bisphénol A augmentent exponentiellement lorsque les bouteilles sont chauffées».

Le hic, c’est que le bisphénol A mesuré par ce protocole représente seulement la quantité totale qui se retrouvera dans l’eau du lave-vaisselle pendant 100 lavages, puis concentré dans le volume d’une seule bouteille. Buvez-vous souvent ce qui sort de votre lave-vaisselle?Aucun parent ne chauffera du lait à 80 °C dans un biberon pendant des heures pour le donner à son enfant. Votre bébé ne sera jamais exposé aux concentrations annoncées par cette étude douteuse.

Le rapport omet aussi de mentionner que les études démontrant des effets toxiques à d’aussi basses concentrations sont contestées par certains organismes gouvernementaux, par exemple l’Autorité européenne de sécurité des aliments.

Bien peu se donneront la peine de lire ce protocole. Je ne l’aurais pas consulté si un collègue de travail ne m’avait pas incité à y jeter un coup d’œil.

Le but de cette manœuvre de Toxic Nation est moins de fournir une information de qualité que de forcer un climat d’inquiétude. La population serait alors plus susceptible de faire pression sur le gouvernement pour faire interdire le bisphénol A.

Un tel stratagème a peu à voir avec la science. On décide avant de tester ce que l’on veut que notre étude montre. Quel comportement pourrait être plus inapproprié pour un organisme qui se drape dans sa vertu et se vante de son désir de prévenir la population canadienne de dangers menaçant sa santé?

Molécules : chimiques ou naturelles?

13 septembre 2007, parlement de la Nouvelle-Zélande – La députée Jacqui Dean présente un projet de loi visant à bannir le DHMO. Cette substance, le monoxyde de dihydrogène ou acide hydroxylique, est le principal constituant des pluies acides : il accélère la corrosion des métaux. Sous forme gazeuse, il cause des brûlures graves. Le DHMO explose au contact du sodium et peut causer l’asphyxie.

Même confrontée à ces faits, l’industrie continue à utiliser le DHMO comme solvant et comme additif alimentaire. Il sert à distribuer les pesticides et à opérer des centrales nucléaires. Chaque jour, nous sommes exposés à des quantités importantes de ce produit. Le silence des gouvernements sur le DHMO résulterait-il de pressions de la part des lobbys industriels?
À ce jour, tous les pays taisent les dangers du DHMO à leur population.Le projet de loi de Jacqui Dean a été rejeté aussitôt présenté. Pourquoi? Le bureau du ministre de la Santé a refusé de bannir… l’eau.

On a poliment informé la députée que le monoxyde de dihydrogène n’est que le nom chimique du bon vieux H2O. Jacqui Dean a été victime d’un canular circulant depuis 1989. La campagne anti-DHMO tente d’illustrer à quel point il est facile d’induire la panique et la confusion au sein du public à coups de jargon et d’arguments tronqués. La réaction que le canular suscite en révèle davantage sur notre société, au bord de la… chimiophobie. Les produits s’annoncent biologiques pour contraster avec les produits «chimiques». Mais qu’est-ce qu’un produit chimique par rapport à un produit naturel? On prétend qu’il y aurait deux classes de substances : les chimiques, créées par l’homme, et les naturelles, provenant de la nature.

Aujourd’hui, c’est une frontière imaginaire qui sépare le naturel du chimique dans la vision populaire. Une molécule extraite d’une source naturelle sera identique à celle synthétisée par l’homme. Les écarts passés ont suscité la méfiance envers les produits inventés et fabriqués en laboratoire. Dans le même élan, les produits tirés de «la nature» ont été idéalisés. Mais la source d’un produit ne garantit pas son caractère sain pour l’homme, pas plus qu’elle ne laisse présupposer un danger.

La perception, erronée, qu’une molécule naturelle sera nécessairement bénéfique est trop souvent répandue par les médias et fait la fortune des publicitaires. Induits en erreur par cette perception, certains dépensent des fortunes pour des produits de santé naturels non testés, aux dépens de médicaments. Des produits anodins ont même été bannis.

L’inconnu effraie, et bien souvent l’information que nous recevons, même par le biais de médias bien intentionnés, est colorée pour mieux nous accrocher. Nos peurs et nos préjugés complètent le travail. Comment faire la part des choses sans posséder une formation avancée en chimie, en toxicologie, en pharmacologie ou en biochimie?

Il n’y a pas de solution magique. Un nom compliqué n’est pas synonyme de danger, pas plus que les adjectifs naturel ou biologique ne sont des preuves de qualité. L’aspirine est cinq fois plus toxique que l’acétone – du solvant à vernis. La caféine (nom chimique : 3,7-dihydro-1,3,7-trimethyl-1-H-purine-2,6-dione), elle, l’est 20 fois plus. Pourtant, qui de nous est mort d’une tasse de café?

Tout peut être toxique une fois dépassé un certain seuil et, présenté sous un angle particulier, tout peut avoir l’air dangereux… même l’eau.